Signé Philippe Paret

1 mai 2015 Exposition

Exposition

du 19 juin au 4 juillet 2015
entrée libre
du mardi au samedi
14h à 18h et sur RDV

Vernissage jeudi 18 juin à 18h.

Léa Deuker-Paret et Dorothée Deuker font le choix de présenter des travaux connus et moins connus de Philippe Paret, entre autres la série « Passages ».
D’autres tirages sont exposés : « L’Otan », « Nuits d’Alsace », « Les Trouées », « Mes galets du Rhin »… à l’occasion de cette exposition est proposée la souscription d’un livre dont la publication est prévue pour l’automne 2016.

 

LORSQUE LE TEMPS PARAIT  

[Méditation sur des photographies de Philippe Paret]

Quand je regarde ses relevés urbanistiques de la ville de Strasbourg, j’ai l’impression de voir une cité fantôme, où tout, les maisons, les passants, les véhicules, les signes tracés au sol, flotte dans un passé/présent immuable. C’est que Paret, en croisant dans une image deux panoramiques d’un même lieu, un vertical et un horizontal, s’est soucié de les faire coïncider au point que la superposition semble invisible. Pris forcément à des instants différents, ces deux vues provoquent par leur croisement une fusion parfaite qui immerge le site deux fois cadré dans les limbes de l’intemporel. Cette impression est renforcée par le traitement du papier à la gomme bichromée, un révélateur qui opère avec la lumière du jour et non en chambre noire. Si l’aube dissout les monstres, selon certaines croyances, le soleil au contraire les installe en photo. Ville zombie, insensible aux atteintes du temps, Strasbourg fend les blancheurs troubles du support gommé. Ses architectures se vaporisent en lignes, en courbes, en pointillés. Dépourvus de volume, ses formes racontent un passé qui s’efface sans que nul présent ne s’affirme. Ce qui insiste ici c’est la photo comme réalité vivante. Car ces vues aux apparences de vieilles photographies dégagent un fort parfum de modernité : impossible que de telles photos puissent avoir vu le jour en des époques lointaines, reculées, primitives. Elles supposent, au contraire, une réflexion cumulant plus de cent ans de pratiques diverses, pour aboutir à un geste expérimental mariant  le constructivisme et le
pictorialisme, le surréalisme et le pop art. Une attitude concevable seulement à la fin du XXe siècle.

Extrait du texte de Jean-Paul Fargier, 2011

 

Livre en souscription

Le 8 juin 2014 disparaissait le photographe Philippe Paret. Il nous laisse une œuvre évidemment inachevée — de toute façon, les œuvres intéressantes sont toujours inachevées, parce que c’est dans l’inachèvement qu’elles déploient leurs potentialités et leurs enjeux, et que c’est précisément cela que l’achèvement efface — mais aussi d’un volume d’autant plus considérable que beaucoup de ses images ont été peu montrées. Tout photographe qui disparait laisse des archives pleines d’images inédites, et c’est sans doute inhérent à la nature technique de la photographie. Dans le cas de Philippe Paret, cela reste pourtant paradoxal : très loin d’une mythologie de l’instant décisif ou de celle de l’urgence de l’actualité, sa pratique était fondée sur des durées longues, ce qui laisserait supposer des images rares —
et aussi du temps de la part du spectateur. C’est aussi ce temps que ce projet d’édition voudrait restituer.

Direction artistique : Dorothée Deuker et Hervé Roelants

Nous espérons pouvoir réaliser cette publication d’une centaine de pages pour
l’automne 2016. Tous les souscripteurs seront tenus au courant de l’avancée du
projet par mail. Si la levée de fonds devait s’avérer insuffisante, ou si le projet devait être abandonné, les souscripteurs seront remboursés. Les fonds levés ont vocation à financer l’impression du livre et ne seront engagés qu’une fois cette impression lancée. Tous les autres travaux et frais relèveront du bénévolat (repros, scans, graphisme, suivi de production, etc.).